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ThomPro

10 mai 2006

Prêt-à-porter automne-hiver 2004/2005

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Prêt-à-porter automne-hiver 2004/2005

CHRISTIAN DIOR
Les créatures les plus improbables, les plus liftées, les plus siliconées, les plus bronzées, les plus siglées, griffées, maquillées, étaient au rendez-vous chez Dior, prêtes aux pires bassesses et aux plus grands sacrifices pour satisfaire leur vanité. Et elles furent comblées au-delà de leurs espérances… D’énormes manteaux over size léopard, surmontés d’immenses cols qui avaient dû coûter la vie à plusieurs familles de renards, rivalisaient avec d’extravagants modèles dorés. De la fourrure comme s’il en pleuvait, souvent teinte en vert, ou en jaune ou encore naturelle, pour orner les larges bas de pantalons brillants. Des modèles surdimensionnés, aux volumes extravagants, souvent superbes, parfois clownesques. Des couleurs éclatantes, des volants monstrueux, des robes gigantesques… Bref. L’artillerie lourde de l’hiver signée Galliano. Forcément énorme. C’est bien simple : on a usé tous les superlatifs…
ISABELLE BALLU
Au lieu d’investir dans une illustration musicale signée Ariel Wizman, Isabelle Ballu aurait mieux fait de dépenser plus utilement son argent à éclairer correctement son show. Car on n’y voyait goutte… Bien sûr, certaines mauvaises langues ont immédiatement persiflé que, dans le fond, les modèles gagnaient peut-être à rester dans la pénombre. Ce que le gens peuvent être méchants, tout de même ! Enfin… si l’ensemble était plutôt classique et sans grande originalité, rendons hommage aux manteaux, assez réussis, et à quelques bonnes idées, même si on ne souvient plus lesquelles.
ISABEL MARANT
Cet hiver signé Isabel Marant présagerait-il un réchauffement subit de la planète ? Car les modèles, déclinés dans leur grande majorité dans tous les tons de blanc, ivoire, écru… étaient particulièrement light. Des tops en maille, amples et ultra légers, accompagnaient des pantalons très blancs et très serrés. Des tons de neige et de ciel d’hiver pour des matières et des coupes plutôt printanières. Tout ça était un peu chiffon, un peu impersonnel, un peu fade, un peu trop discret. Une mode pour bobo girls ayant pour devise : « Ca coûte cher mais faut surtout pas que ça se voit ! » Et là, aucun danger, car personne ne se doutera que ces modèles pour collégiennes blafardes et complexées puissent valoir si cher.
SHARON WAUCHOB
Sharon Wauchob a des idées et de l’imagination, ce qui est finalement une denrée assez rare sur les podiums. Comme à peu près partout pour cette saison d’hiver, les pantalons très slim s’opposaient aux volumes amples des tops. Mais chez Wauchob, il y a un vrai travail de réflexion sur le mélange des matières (le denim en particulier) et la structuration des volumes. Des blousons-boléros à multi-revers, s’inspiraient du perfecto et du caban d’une façon particulièrement originale. Tous les modèles foisonnaient de détails inventifs tout en restant dans la tendance. Non, pas avant-gardiste… tout simplement moderne. Un vrai travail de création pour un prêt-à-porter qui restait très accessible. La marque du talent, sans aucun doute.
MARITHE ET FRANCOIS GIRBAUD
Marithé et François Girbaud avaient fait du cuir leur matière de prédilection pour ce défilé frileux. Dans des tons d’automne, ces filles et ces garçons avaient un côté un peu baroudeur. Du confort avant toute chose, semblaient-ils penser. En tout cas, il y avait de quoi affronter le froid. Car on se les gelait sérieux chez MFG et les tons sourds, éteints, sombres… n’avaient pas de quoi réchauffer une assistance qui commençait à s’ennuyer. Malgré de jolis petits blousons en cuir tout simples, le tout était un peu trop roots, du genre : « Excuse-moi chérie je reviens, j’ai laissé mon cheval sous ma yourte en plein milieu de la toundra !». De beaux éléments quand même, mais pris séparément. Surtout pas en total look.
ANN DEMEULMEESTER
Enroulé dans des couvertures de déménagement, le public d’Ann Demeulmeester supportait stoïquement une interminable attente :
- C’est tellement chic cette matière brute daaaarling ! J’adoooore ce côté Armée du Salut…
Ah oui madame, sauf qu’il va falloir rendre la couverture qu’on vous a aimablement prêtée à la sortie ! Car nombreuses furent celles qui tentèrent de repartir discrètement avec leur couverture sous le bras… et qui durent subir l’humiliation de se la voir (gentiment) retirée par un vigile hilare. Entre temps, elles avaient eu le temps de suivre, de leurs yeux fatigués, la double collection femme et homme proposée ce soir-là. Les mannequins glissaient avec des airs de chouettes ahuries (y aurait-il un concept niché là-dessous ?), habillés surtout de noir, de noir et blanc et de marron. Les filles portaient des vestes courtes de cuir et de larges trenchs noirs ou beiges ; les hommes des vestes blanches ou noirs, qui leur donnaient des allures de vampires anorexiques. Les filles encore, exhibaient des cols et des poignets de fourrure, prises qu’elles étaient dans des drapés et des plissés maintenus de façon complexe par des liens, donnant l’impression d’une mode névrotique. Une série de jupe, top et débardeur en cote de mailles n’arrangèrent pas cette impression d’immense froideur.

JEAN PAUL GAULTIER
Sans doute à cause du retard abyssal accumulé par les défilés de la journée, des couvertures de survie avaient été distribuées aux pauvres fashionistas transies et fourbues qui patientaient pour assister au défilé le plus branché de la semaine. Celui de Jean Paul Gaultier évidemment. La scénographie avait déjà de quoi ravir celles qui étaient venues pour le spectacle : des mannequins de vitrines articulés étaient manipulés par des marionnettistes perchés sur un échafaudage et défilaient parmi quelques vrais mannequins en chair et en os. Concernant le défilé… les avis étaient plus partagés. Le prince de Galles, l’écossais et les rayures tennis, achevaient de donner un côté très masculin aux tailleurs stricts, au vestes et aux manteaux. Les impressions léopard et les cols de renard qui ornaient quelques (superbes) manteaux, n’arrivaient pas à faire oublier la sobriété des coupes et les modèles plutôt sages, bien que souvent subtilement conçus. En blouson et pantalons droits, la dégaine Gaultier de l’hiver prochain sera masculine ou ne sera pas. Un défilé inégal, heureusement sauvé par l‘humour du maître.
LAGERFELD GALLERY
Les rondes peuvent définitivement aller se rhabiller ! mais surtout pas chez Lagerfeld Gallery, où la grosse dondon est honnie ! Définitivement. A tel point que le défilé automne-hiver était sponsorisé par une célèbre marque de sucrettes. Les boîtes contenant les petites pilules d’aspartam arboraient même le profil du maître ! Pas très glamour, évidemment. Mais il faut bien être terriblement mince pour porter ces manteaux, ces ensembles et ces petits blousons agrémentés de cols de renard, blancs et purs. Les silhouettes ultra fines se couronnent de cols de fourrure en vert ou cassis. Les tailleurs-pantalons sont ajustés au millimètre, mais restent néanmoins d’allure décontractée. Les robes légères, transparentes et plissées, se déclinaient dans des tons prune, cassis ou marron. Un peu plus désinvolte que d’habitude…
CHANEL
La garde-robe des femmes pourrait-elle un jour venir enrichir celle de l’homme ? On connaît les diverses tentatives (pas toujours de meilleur goût) en la matière… Evénement chez Chanel, dont le défilé matinal expliquait à une assistance très attentive que la maison pouvait, le cas échéant, habiller aussi les (jeunes) hommes. Il ne s’agissait d’ailleurs pas d’une collection homme, mais juste d’un clin d’œil historique, qui, pour finir, était beaucoup moins anecdotique qu’on pouvait le laisser croire. Coco avait emprunté le tweed aux garçons ; Largerfeld le leur rend, après un passage de quelques décennies par la rue Cambon. Ce défilé prouvait une fois de plus que le style Chanel est tout simplement déclinable à l’infini. Et même traduit pour l’homme, il est reconnaissable entre tous. C’était montrer que les coupes droites et masculines de cette collection automne-hiver pouvaient, par une sorte de dialogue, et après quelques aménagement hac hoc, être portées par des garçons. Sans ambiguïté. A chaque collection, Carl Lagerfeld réactualise le style Chanel, sans en trahir l’esprit. Une collection ni avant-gardiste ni passéiste, mais simplement contemporaine, avec quelques audaces calculées et toujours élégantes, comme le mariage du cuir noir et du jaune fluo. Tailleurs éternels, robes noires incontournables… et le tweed évidemment, lien subtil qui unit les deux sexes dans ce nouvel échange de bons procédés. Sans provocation, ce défilé a-t-il su anticiper une tendance forte de la transformation de la représentation de la virilité en Occident ? Réponse dans quelques collections… Des hommes en Chanel ? Voilà qui aurait sans doute plu à Coco.
VERONIQUE LEROY
Il suffisait d’aller à la maigre présentation de véronique Leroy pour se rendre compte que la mode n’est pas toujours ce monde d’élégance qu’on imagine. « Que vous soyez puissant ou misérable, les jugements de cour vous feront blanc ou noir… » tout est là ! Il fallait bien du courage à tous ces fans de mode qu’on faisait attendre dans le froid, alors que les copines des copines des copines des copines de l’attachée de presse leur passaient devant le nez. Les pauvres hères avec un mauvais numéro sur leur carton d’invitation, se faisaient expliquer avec l’aplomb le plus insensé, qu’on faisait d’abord rentrer les personnes ayant un « A » sur leur invitation (soit !) et que les autres malheureux détenteurs d’une autre lettre de l’alphabet étaient priés d’attraper une angine, en attendant ces « beautifull » people. Pourquoi ne faisait-on pas entrer au chaud ces infortunés frigorifiés alors que rien (techniquement) ne s’y opposait ? Pour qu’ils ne trempent pas leurs misérables lèvres dans le champagne des privilégiés ? Pour qu’ils évitent de resquiller un premier rang ? Pas du tout… Alors pourquoi ? Mais enfin voyons… parce que c’est comme ça ! et puis c’est tout ! Merci, le monde merveilleux de la mode.

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10 mai 2006

Défilés haute couture printemps-été 2004

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Défilés haute couture

TORRENTE
La toute première collection haute couture du jeune Julien Fournié pour Torrente, confirme avec brio les espoirs que la maison du rond point des Champs-Elysées avait placé en lui depuis la dernière saison de prêt-à-porter. Décidément très créatif, Julien Fournié réussit à canaliser son originalité et son imagination sans pour autant mépriser la féminité – défaut très répandu chez certains stylistes mysogynes.
Tailleur pantalon et chemisier incrusté d’une cravate géante, corset citron sur robe noir à froufrous, trench-robe de soie noire, saharienne en organza de soie café ou ensemble kimono et pantalon taille basse… l’inspiration de cette collection couture printemps-été, puise dans un imaginaire qui doit beaucoup à hollywood. Corsets et vestes strictes tempèrent des jupes qui jouent la transparence, pendant que certains modèles s’envolaient grâce à des voiles fluides de déesses chinoises. Et pour finir une mariée de satin ivoire, énorme, au point qu’elle avait du mal à se mouvoir…
ON AURA TOUT VU
On n’aura pas vu grand chose d’ « On aura tout vu » à cause du monstrueux retard pris par les autres défilés. Mais le peu qui fut aperçu, valait quand même la peine d’être vu. Des femmes brodées de lichens de soie multicolore, flottaient dans des transparences étranges brodées de motifs ethniques. Des couleurs vives : bleu, orange, jaune, rose…servaient de fond à un amas précieux d’incrustations effrangées. Mille détails, qui faisaient penser à des costumes folkloriques, donnaient aux modèles des airs de bohémiennes de luxe. Intéressant.
ADELINE ANDRE
Au premier abord, on se disait qu’Adeline André voulait nous faire passer un message plein d’une sagesse qui nous échappait. Il émanait de ce cette collection une atmosphère si minimaliste, qu’on pensait sérieusement se trouver dans quelque couvent ultra chic pour richissime cliente en pleine crise de mysticisme. De petites robes droites, transparentes, dépouillées à l’extrême, comme des surplis d’une simplicité zen et d’une rigueur monacale. Basique, diaphane, uniforme. Un défilé avec très peu de modèles, lent, très lent. Enfin bref, du joli prêt-à-porter, quoi.
Ah bon ? c’était de la haute couture ?! Oups ! Autant pour moi…
Certains diront sans doute que cette collection prouve une fois de plus que la haute couture est arrivée à un point de non retour, qui la mène fatalement à l’ascétisme le plus froid. On ne peut pas empêcher les gens de dire n’importe quoi. Déprimant…
MAURIZIO GALANTE
A la fondation Cartier nous attendait un spectacle auquel même les plus blasés des marathonien(ne)s de la mode ne sont pas restés insensibles. Des comédiens, torses nus, faisaient marcher des mannequins de chiffon de la taille d’une poupée Barbie. Ces mini modèles étaient vêtus par Maurizio Galante, qui avait décidé de fabriquer ses modèles à l’échelle 1/5 à l’occasion de sa nouvelle collection haute couture. Les voix d’une vraie chorale accompagnaient ces drôles de miniatures qui formaient un petit théâtre somme toute assez poétique. Hélas, il fallait une vue particulièrement perçante et une imagination plus que vive pour se représenter les modèles en taille réelle. Evidemment, le coût de cette représentation devait lui aussi être à l’échelle Haute couture printemps-été 2004
GRIMALDI GIARDINA
Grimaldi Giardina présentait une collection sous le signe de la liberté d’expression et de la pureté de l’âme. En effet, les robes bustiers garnies de longs rubans, les jupes blanches à franges, les plis traités délicatement à la façon del’ origami, et la dentelle toujours blanche, donnaient une certaine envie d’évasion. Une haute couture à la virtuosité discrète, très enrubannée et très blanche, qui privilégiait les pliés plutôt que les drapés. Une approche assez light, loin de LA couture telle qu’on la conçoit habituellement. Un travail assez subtil en définitive, où des liens de satin se prenaient dans des franges virevoltantes. Quelques scintillances glamour sur des corsets sculptés où pendaient des fils, faisaient penser à ces méduses opalescentes qui ondoient entre deux eaux. Un travail très discret. Trop discret ?
CHRISTIAN DIOR
Première grande nouvelle : Sarah Jessica Parker (Sex in the City) assistait au défilé de la collection haute couture concocté par monsieur Galliano pour Christian Dior. Ce qui provoqua une émeute de photographes, au grand dam des autres grandes dames, qui furent un peu privées de leur dose de flashs. En manque d’objectifs (ceux des photographes), elles se replièrent avec rage sur l’égyptomanie de John Galliano. Car le spectacle fut pharaonique, à tous les points de vue. Sans doute inspiré par une récente croisière sur le Nil, le plus célèbre torse de la mode nous donnait une « pharaonnade » qui devait beaucoup à Cecil B De Mile. Une « Touthankamone » trempée dans l’or, précéda une Athor gainée de plaques dorées. Suivit une déesse nubienne et une femme-Anubis coincée dans un fourreau encore et toujours doré. Et encore une robe jaune digne d’une Hatshepsout (oui Madame Mareck : HAT-SHEP-SOUT et pas Atchepsoupe ou Ampchepoust !) tombée dans la démesure hollywoodienne. Plissés et motifs d’inspiration égyptienne, scarabées, robes-momies où flottaient quelques bandelettes… du grand spectacle comme John Galliano sait le faire. Sous cette avalanche de broderies, et ces kilomètres de soie, les mannequins avaient du mal à marcher. Attention, toutes les robes ne pourront pas passer par la porte de la grande pyramide ! Pour le reste… rendons hommage au travail des brodeuses et des petites mains, qui en récompense de leur talent, ont eu des places pour le défilé… en standing !

ROBERT ABI NADER
« Mille et une nuits à Barbès ». C’est le titre qu’aurait pu porter le défilé de Robert Abi Nader. Obéissant à la maxime : « Pas assez cher, mon fils », la collection du couturier en avait rajouté dans la paillette. Les invités de prestige étaient à l’avenant : quelques « stars » de la télé réalité dont un Bachelor, côtoyait Jean-Pascal, dit Jipé, (d’on ne sait plus quelle Star Académie) et un ex bellâtre de l’Ile de la Tentation ; sans oublier Madame de Fontenay, gardienne inoxydable du vrai chic bien de chez nous. Ces people ne détonnaient pas avec le style Abi Nader : faut que ça brille ! En résumé : des transparences suggestives pour danseuses du ventre millionnaires. Il ne leur manquait plus qu’un caillou dans le nombril et des pompons au bout des seins… Tout le monde est reparti ravi sur son tapis volant. Haute couture printemps-été 2004
CHANEL
Chez Chanel, l’indétrônable tailleur et l’indémodable robe noire étaient au rendez-vous. Le tout revisité, évidemment. Un événement qui a laissé de marbre les employés de l’EDF qui manifestaient tout près de là. Allez savoir pourquoi… Cela dit, le syndicalisme n’avait pas l’air d’être la tasse de thé des invités, toutes et tous venus pour admirer cette nouvelle collection très froufroutante signée évidemment par Karl Lagerfeld. Au programme du printemps et de l’été Chanel, beaucoup de noir et de blanc, des vestes de tailleur rigoureuses sur des jupes à volants et des tulles brodés. Des coupes classiques, longilignes, agrémentées de broderies discrètes, créaient un luxe sans ostentation. La dentelle ébouriffée et les volants foisonnant de hauts immatériels, étaient tempérés par des jupes droites, presque sévères. Un esprit résolument Mademoiselle. Pour finir, la mariée cachait la simplicité d’une robe fourreau sous une cape blanche de tulle bouillonnant et cascadant de volants. Simple, beau et sophistiqué à la fois.
HAN SONG
Les quelques belles idées qui émaillaient le défilé d’Han Song (comme ces ravissants bas blancs brodés de paillettes) n’arrivaient pas à faire oublier les lignes trop rigides et les matières roides de cette collection bien trop grise. Des tons métalliques, et des transparences de tamis, donnaient une allure plutôt froide à l’été. Une série de pantalons bouffants, du genre de ceux que portent les clowns blancs, n’ajoutaient rien d’original à cette mode peu convaincante. Malgré quelques jolis détails brodés de temps en temps sur une jupe, on avait un peu l’impression, par moments, que les mannequins étaient habillés avec des stores. Dommage.
STEPHANE SAUNIER
Le défilé de Stéphane Saunier valait cette longue attente, qui mit les patiences à rude épreuve. Après la simplicité des premiers modèles, en noir et blanc, vinrent des mets plus consistants : pantalon corsaire brodé de nacre et veste en raphia, bustiers-corsets avec incrustations de broderie, toujours en raphia, une matière de prédilection pour Stéphane Saunier. Les tailleurs, fermés avec des brandebourgs, étaient agrémentés de riches broderies et de passementeries. Une collection très élégante et équilibrée, qui reste très couture et toujours portable. Les corsaires en soie, en particulier, restent la grande réussite de cette saison. Une collection avec une unité de style, mais sans redondance, pleine de délicatesse, dont la silhouette flirte parfois avec les années 50. Les robes à bustier qui surmontent les jupes de tulle, brodées ou non, pourraient être portées par quelque Grace Kelly. Des matières légères, lourdement brodées, des plissés savants, jamais brouillons, un choix audacieux mais judicieux des couleurs… un travail somptueux qui reste élégant sans être sobre. De la haute couture, résolument.
DOMINIQUE SIROP
De la légèreté, de la fluidité et de la transparence. Ce sont sans conteste les mots d’ordre de la collection printemps-été de Dominique Sirop. Le très beau travail de plissé sur les satins et les tulles marqueront également ce défilé de haute couture, qui jouait également sur les transparences, en témoigne ce remarquable col de tulle, diaphane et parsemé de pierres de jais, qui restaient comme suspendue à des fils invisibles. Les robes du soir déclinées en satin, s’épanouissaient dans des drapés compliqués, agrémentés de broderies arachnéennes. La femme couture de Dominique Sirop est intemporelle, jusqu’à sa mariée, raffinée et virginale, délicate comme un Tanagra.
CHRISTIAN LACROIX
Ce qui serait criard chez d’autres est définitivement, positivement, absolument élégant chez Christian Lacroix. Sur des collants roses, et uniquement roses, l’exubérance des couleurs et des formes éclate. Les asymétries bohémiennes, les volants bouillonnants, les myriades de détails, le mélange apparemment anarchique des motifs… une absolue sophistication prend l’apparence d’un fouillis. Les admiratrices, venues nombreuses, ne se lassaient pas d’applaudir ce style qui a fait le succès du maître. Broderies baroques, franges, tulles savamment froissés, riches corsets-bijoux et délires de dentelles… Il n’y a que Christian Lacroix pour réussir à chaque fois, et toujours de façon différente, ce patchwork de matières précieuses. Toutes les couleurs de l’arc-en-ciel y passent, toutes en même temps, dans les doux froufrous de cette collection printemps-été… De la haute couture ? Dîtes plutôt de la haute voltige !

10 mai 2006

VERNER PANTON/ Marie Claire

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Verner Panton...

de la couleur avant toute chose

L’exposition consacrée à Verner Panton à la Saline Royale d’Arc et Senans, rend hommage a l’un des plus lumineux et emblématiques designers d’intérieur du XXe siècle. Couleurs vives, motifs géométriques et matières plastiques… Les années pop ont toujours le vent en poupe.

On connaît surtout Verner Panton (1926–1998) comme l’un des designers phare des années pop. Mais les réalisations du créateur danois ne sont pas uniquement emblématiques de la déco des années 60 et 70, même s’il a très fortement contribué à la promotion des matières plastiques et des couleurs vives dans le design d’intérieur de cette époque.

Panton s’est d’abord singularisé en créant des meubles basés sur des formes géométriques « pures » (comme les chaises « cônes » en forme de cœur de 1958), puis pour son intérêt marqué pour les extravagances de formes ainsi que les matières plastiques produites industriellement.

« La couleur est plus importante que la forme » : cette déclaration en forme de manifeste résume la ligne directrice de l’œuvre du designer danois. La couleur est la marque du design de Panton, l’élément qui lui permet de définir l’ambiance d’une pièce, de recouvrir littéralement les surfaces et de donner cette unité de l’espace qui lui était chère. L’utilisation systématique d’une palette de couleurs vives (turquoise, jaune, orange, violet…) va définitivement marquer son style.

Sa vision homogène l’amène peu à peu à traiter les lieux dans leur globalité, imaginant une sorte de design intégral qui fait fusionner tous les éléments du décor (sol, murs, plafond, mobilier, lumières…) en une unité indivisible. C’est typiquement ce « total look » cher aux 60’s et aux 70’s qui reste la caractéristique la plus notoire du travail de Panton.

Son mépris naturel des conventions et sa passion immodérée pour l’innovation, qui s’exprimaient sans pour autant sacrifier la fonctionnalité à l’imagination, lui vaudront son statut de précurseur, voire de visionnaire… Il est d’ailleurs l’auteur d’un des design les plus élégants et les plus audacieux du XXe siècle : la première chaise « Cantilever » en plastique moulé d’une seule pièce.

L’œuvre laissée par Verner Panton reste le témoin du paradis perdu des trente glorieuses, reflet éclatant de l’incorrigible optimisme des jeunes baby boomers d’alors. Passé l’engouement tendance pour le vintage plastique et autres revival néo-psychédéliques seventies, il restera de Verner Panton la vision d’un grand designer au service de l’humain, qui jusqu’au bout, resta persuadé que l’imagination serait un jour au pouvoir...

Thomas Primo

Le Vitra Museum réédite des icônes du design comme la Panton chair en plastique moulé de 1960 (104 euros) ou la Cone chair de 1958 (174 euros).

www.vitra.com

e-mail : info@vitra.fr

Verner Panton, the collected works (en anglais) avec CD-Rom.

Editions : Vitra Design Museum

Lire

Marie-Claire Maison Mai/juin 2004

Vitra – 40, rue Violet 75015 Paris. Tél. 01 56 77 07 77.

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