Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
ThomPro
10 mai 2006

Défilés haute couture printemps-été 2004

sixtiessixtiessixtiessixtiessixties

Défilés haute couture

TORRENTE
La toute première collection haute couture du jeune Julien Fournié pour Torrente, confirme avec brio les espoirs que la maison du rond point des Champs-Elysées avait placé en lui depuis la dernière saison de prêt-à-porter. Décidément très créatif, Julien Fournié réussit à canaliser son originalité et son imagination sans pour autant mépriser la féminité – défaut très répandu chez certains stylistes mysogynes.
Tailleur pantalon et chemisier incrusté d’une cravate géante, corset citron sur robe noir à froufrous, trench-robe de soie noire, saharienne en organza de soie café ou ensemble kimono et pantalon taille basse… l’inspiration de cette collection couture printemps-été, puise dans un imaginaire qui doit beaucoup à hollywood. Corsets et vestes strictes tempèrent des jupes qui jouent la transparence, pendant que certains modèles s’envolaient grâce à des voiles fluides de déesses chinoises. Et pour finir une mariée de satin ivoire, énorme, au point qu’elle avait du mal à se mouvoir…
ON AURA TOUT VU
On n’aura pas vu grand chose d’ « On aura tout vu » à cause du monstrueux retard pris par les autres défilés. Mais le peu qui fut aperçu, valait quand même la peine d’être vu. Des femmes brodées de lichens de soie multicolore, flottaient dans des transparences étranges brodées de motifs ethniques. Des couleurs vives : bleu, orange, jaune, rose…servaient de fond à un amas précieux d’incrustations effrangées. Mille détails, qui faisaient penser à des costumes folkloriques, donnaient aux modèles des airs de bohémiennes de luxe. Intéressant.
ADELINE ANDRE
Au premier abord, on se disait qu’Adeline André voulait nous faire passer un message plein d’une sagesse qui nous échappait. Il émanait de ce cette collection une atmosphère si minimaliste, qu’on pensait sérieusement se trouver dans quelque couvent ultra chic pour richissime cliente en pleine crise de mysticisme. De petites robes droites, transparentes, dépouillées à l’extrême, comme des surplis d’une simplicité zen et d’une rigueur monacale. Basique, diaphane, uniforme. Un défilé avec très peu de modèles, lent, très lent. Enfin bref, du joli prêt-à-porter, quoi.
Ah bon ? c’était de la haute couture ?! Oups ! Autant pour moi…
Certains diront sans doute que cette collection prouve une fois de plus que la haute couture est arrivée à un point de non retour, qui la mène fatalement à l’ascétisme le plus froid. On ne peut pas empêcher les gens de dire n’importe quoi. Déprimant…
MAURIZIO GALANTE
A la fondation Cartier nous attendait un spectacle auquel même les plus blasés des marathonien(ne)s de la mode ne sont pas restés insensibles. Des comédiens, torses nus, faisaient marcher des mannequins de chiffon de la taille d’une poupée Barbie. Ces mini modèles étaient vêtus par Maurizio Galante, qui avait décidé de fabriquer ses modèles à l’échelle 1/5 à l’occasion de sa nouvelle collection haute couture. Les voix d’une vraie chorale accompagnaient ces drôles de miniatures qui formaient un petit théâtre somme toute assez poétique. Hélas, il fallait une vue particulièrement perçante et une imagination plus que vive pour se représenter les modèles en taille réelle. Evidemment, le coût de cette représentation devait lui aussi être à l’échelle Haute couture printemps-été 2004
GRIMALDI GIARDINA
Grimaldi Giardina présentait une collection sous le signe de la liberté d’expression et de la pureté de l’âme. En effet, les robes bustiers garnies de longs rubans, les jupes blanches à franges, les plis traités délicatement à la façon del’ origami, et la dentelle toujours blanche, donnaient une certaine envie d’évasion. Une haute couture à la virtuosité discrète, très enrubannée et très blanche, qui privilégiait les pliés plutôt que les drapés. Une approche assez light, loin de LA couture telle qu’on la conçoit habituellement. Un travail assez subtil en définitive, où des liens de satin se prenaient dans des franges virevoltantes. Quelques scintillances glamour sur des corsets sculptés où pendaient des fils, faisaient penser à ces méduses opalescentes qui ondoient entre deux eaux. Un travail très discret. Trop discret ?
CHRISTIAN DIOR
Première grande nouvelle : Sarah Jessica Parker (Sex in the City) assistait au défilé de la collection haute couture concocté par monsieur Galliano pour Christian Dior. Ce qui provoqua une émeute de photographes, au grand dam des autres grandes dames, qui furent un peu privées de leur dose de flashs. En manque d’objectifs (ceux des photographes), elles se replièrent avec rage sur l’égyptomanie de John Galliano. Car le spectacle fut pharaonique, à tous les points de vue. Sans doute inspiré par une récente croisière sur le Nil, le plus célèbre torse de la mode nous donnait une « pharaonnade » qui devait beaucoup à Cecil B De Mile. Une « Touthankamone » trempée dans l’or, précéda une Athor gainée de plaques dorées. Suivit une déesse nubienne et une femme-Anubis coincée dans un fourreau encore et toujours doré. Et encore une robe jaune digne d’une Hatshepsout (oui Madame Mareck : HAT-SHEP-SOUT et pas Atchepsoupe ou Ampchepoust !) tombée dans la démesure hollywoodienne. Plissés et motifs d’inspiration égyptienne, scarabées, robes-momies où flottaient quelques bandelettes… du grand spectacle comme John Galliano sait le faire. Sous cette avalanche de broderies, et ces kilomètres de soie, les mannequins avaient du mal à marcher. Attention, toutes les robes ne pourront pas passer par la porte de la grande pyramide ! Pour le reste… rendons hommage au travail des brodeuses et des petites mains, qui en récompense de leur talent, ont eu des places pour le défilé… en standing !

ROBERT ABI NADER
« Mille et une nuits à Barbès ». C’est le titre qu’aurait pu porter le défilé de Robert Abi Nader. Obéissant à la maxime : « Pas assez cher, mon fils », la collection du couturier en avait rajouté dans la paillette. Les invités de prestige étaient à l’avenant : quelques « stars » de la télé réalité dont un Bachelor, côtoyait Jean-Pascal, dit Jipé, (d’on ne sait plus quelle Star Académie) et un ex bellâtre de l’Ile de la Tentation ; sans oublier Madame de Fontenay, gardienne inoxydable du vrai chic bien de chez nous. Ces people ne détonnaient pas avec le style Abi Nader : faut que ça brille ! En résumé : des transparences suggestives pour danseuses du ventre millionnaires. Il ne leur manquait plus qu’un caillou dans le nombril et des pompons au bout des seins… Tout le monde est reparti ravi sur son tapis volant. Haute couture printemps-été 2004
CHANEL
Chez Chanel, l’indétrônable tailleur et l’indémodable robe noire étaient au rendez-vous. Le tout revisité, évidemment. Un événement qui a laissé de marbre les employés de l’EDF qui manifestaient tout près de là. Allez savoir pourquoi… Cela dit, le syndicalisme n’avait pas l’air d’être la tasse de thé des invités, toutes et tous venus pour admirer cette nouvelle collection très froufroutante signée évidemment par Karl Lagerfeld. Au programme du printemps et de l’été Chanel, beaucoup de noir et de blanc, des vestes de tailleur rigoureuses sur des jupes à volants et des tulles brodés. Des coupes classiques, longilignes, agrémentées de broderies discrètes, créaient un luxe sans ostentation. La dentelle ébouriffée et les volants foisonnant de hauts immatériels, étaient tempérés par des jupes droites, presque sévères. Un esprit résolument Mademoiselle. Pour finir, la mariée cachait la simplicité d’une robe fourreau sous une cape blanche de tulle bouillonnant et cascadant de volants. Simple, beau et sophistiqué à la fois.
HAN SONG
Les quelques belles idées qui émaillaient le défilé d’Han Song (comme ces ravissants bas blancs brodés de paillettes) n’arrivaient pas à faire oublier les lignes trop rigides et les matières roides de cette collection bien trop grise. Des tons métalliques, et des transparences de tamis, donnaient une allure plutôt froide à l’été. Une série de pantalons bouffants, du genre de ceux que portent les clowns blancs, n’ajoutaient rien d’original à cette mode peu convaincante. Malgré quelques jolis détails brodés de temps en temps sur une jupe, on avait un peu l’impression, par moments, que les mannequins étaient habillés avec des stores. Dommage.
STEPHANE SAUNIER
Le défilé de Stéphane Saunier valait cette longue attente, qui mit les patiences à rude épreuve. Après la simplicité des premiers modèles, en noir et blanc, vinrent des mets plus consistants : pantalon corsaire brodé de nacre et veste en raphia, bustiers-corsets avec incrustations de broderie, toujours en raphia, une matière de prédilection pour Stéphane Saunier. Les tailleurs, fermés avec des brandebourgs, étaient agrémentés de riches broderies et de passementeries. Une collection très élégante et équilibrée, qui reste très couture et toujours portable. Les corsaires en soie, en particulier, restent la grande réussite de cette saison. Une collection avec une unité de style, mais sans redondance, pleine de délicatesse, dont la silhouette flirte parfois avec les années 50. Les robes à bustier qui surmontent les jupes de tulle, brodées ou non, pourraient être portées par quelque Grace Kelly. Des matières légères, lourdement brodées, des plissés savants, jamais brouillons, un choix audacieux mais judicieux des couleurs… un travail somptueux qui reste élégant sans être sobre. De la haute couture, résolument.
DOMINIQUE SIROP
De la légèreté, de la fluidité et de la transparence. Ce sont sans conteste les mots d’ordre de la collection printemps-été de Dominique Sirop. Le très beau travail de plissé sur les satins et les tulles marqueront également ce défilé de haute couture, qui jouait également sur les transparences, en témoigne ce remarquable col de tulle, diaphane et parsemé de pierres de jais, qui restaient comme suspendue à des fils invisibles. Les robes du soir déclinées en satin, s’épanouissaient dans des drapés compliqués, agrémentés de broderies arachnéennes. La femme couture de Dominique Sirop est intemporelle, jusqu’à sa mariée, raffinée et virginale, délicate comme un Tanagra.
CHRISTIAN LACROIX
Ce qui serait criard chez d’autres est définitivement, positivement, absolument élégant chez Christian Lacroix. Sur des collants roses, et uniquement roses, l’exubérance des couleurs et des formes éclate. Les asymétries bohémiennes, les volants bouillonnants, les myriades de détails, le mélange apparemment anarchique des motifs… une absolue sophistication prend l’apparence d’un fouillis. Les admiratrices, venues nombreuses, ne se lassaient pas d’applaudir ce style qui a fait le succès du maître. Broderies baroques, franges, tulles savamment froissés, riches corsets-bijoux et délires de dentelles… Il n’y a que Christian Lacroix pour réussir à chaque fois, et toujours de façon différente, ce patchwork de matières précieuses. Toutes les couleurs de l’arc-en-ciel y passent, toutes en même temps, dans les doux froufrous de cette collection printemps-été… De la haute couture ? Dîtes plutôt de la haute voltige !

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité